Scène de la vie israélienne : « Al aèche »

Devinette : Quel est le sport national en Israël qui talonne durant plusieurs mois le football, ou encore le chèche-bèche, pourtant si chers aux Israéliens ?
Un indice : l’ouverture de la saison coïncide avec la Mimouna, les moments forts sont Yom Hatzmaout, et Lag Baomer. Autre indice ? C’est un sport collectif, quelques participants sont sélectionnés pour leur habilité du poignet, les autres doivent exceller dans l’art d’engloutir des kilos de viande. Vous avez deviné ? Il s’agit des barbecues organisés sur les plages, dans les jardins ou sur toute surface plane suffisamment grande pour contenir barbecue, table, chaises, parasols et même tentes de camping. Car, pour ceux qui n’auraient pas encore assisté, ou participé à ce cérémonial à ne manquer pour rien au monde, il faut savoir que, quand « ossim al aèche », (littéralement « sur le feu »), c’est toute une organisation.
Tout d’abord, l’équipement pour ce sport national : Un « mangal » ou barbecue, bien évidemment le traditionnel qui fonctionne au charbon de bois, et tant pis pour les risques de cancer dus à la formation d'amines hétérocycliques, dues  elles-mêmes au gras qui s'écoule lors de la cuisson des viandes, qui prend feu au contact des braises et qui carbonise les aliments (sautez ces quelques lignes savantes si vous ne voulez pas vous gâcher le plaisir…)
Les accessoires indispensables : des tonnes d’entrecôtes, de saucisses, de cotes d’agneau, de hamburgers, de tout ce qui servira à satisfaire les appétits carnassiers. Prévoir des chamallows pour les faire fondre en brochette, pour le grand régal des enfants (et des dentistes après la bataille).
Prévoir également une quantité aussi importante de Houmous, l’autre ingrédient sans lequel la partie de mangal n’aura aucun sens. Ca, c’est la base, après, chacun rajoutera à sa guise le contenu de son frigidaire.
Quand « ossim al aèche », on ne fait pas les choses à moitié, et l’israélien lambda apportera, tel un escargot transporte sa maison sur son dos, tout le matériel nécessaire à sa survie pour une journée entière, voire la nuit, passée dehors. Il faut le voir pour le croire, des tentes de camping, des hamacs dressés entre deux arbres, tout est bon pour marquer son territoire, qui empiètera de toute façon sur celui de son voisin qui a apporté la même quantité astronomique d’équipement et de nourriture.
Autre détail propre à cette période si particulière en Israël : la disparition des caddys des supermarchés, les arbres décimés, et la ″volatilisation″ du moindre morceau de bois, ou matière inflammable. La raison ? Les enfants, quelques jours avant Lag Baomer, empruntent des caddys pour y entasser des branches, et les cachent jusqu’au jour où ils participeront  au concours du plus grand feu de bois.
Mais revenons sur la plage ou dans les parcs, et régalons-nous du spectacle ; De loin, une épaisse fumée noirâtre, née de la communion des grillades, qui aura raison de tout brushing. De près (pas trop, quand même), la chaleur de tous les barbecues, au dessus desquels s’activent d’athlétiques volontaires à l’activité primordiale, au point que l’hébreu a ajouté un mot à son dictionnaire : « lénafnèfe », traduisez faire du vent pour raviver la braise.
Les odeurs de grillades participent à cette féerie des sens, où se mêlent les chants encouragés par la maccabee (pas l’équipe, la bière !), la musique et les cris de joie des enfants. Dans ce sport, pas de compétition mais au contraire une franche solidarité : on se passe le sel, on se prête des piques à brochettes ou on s’échange pita contre Hatsilim et Thina. Jusqu’à épuisement du stock, de la braise, et de celui qui « ménafnèfe », et on remballe le matériel en ne rêvant plus qu’à un repas Halavi…jusqu’à la prochaine séance !

Valérie Bitton

Etre Israélien, c’est….

-Encourager le Betar Yiroushalaïm avec une Maccabee dans la main
-Ecouter des pioutim (chants religieux) à fond la caisse dans sa voiture le shabbat
-Dire « mapitom », « walla » et « ‘haval al hazman » à longueur de journée
-Enlever ses escarpins en sortant du bureau et enfiler ses kafkafim
-Aller au travail en kafkafim…
-Boire 1,5 litre par jour de café au lait dans des mugs XXL
-Refaire le monde devant A’h hagadol (Big brother) avec un paquet de pépites en main
-« Lénafnef », « lénachnèche », « lé"shesh-besh"  » !
-Faire ses courses au Sufersal et payer en 12 tachloumim (échéances)
                                   -Consulter chaque jour le cours du dollar avec des shekels en poche
                                   -Avoir le compte en banque aussi bas que le niveau du kinneret
                                   -Vouloir partir en « ‘Hou'l » (à l’étranger) mais pleurer devant l’Hatikva…

Et pour vous ? Etre Israélien, c’est …. (répondez dans les commentaires)