C’est pas permis de ne pas avoir son permis !


Il y a deux choses qu’il est impossible d’avouer sans provoquer des « oh » et des « ah » de stupéfaction, et sans passer pour la dernière des attardées : ne pas être sur Facebook, et ne pas avoir son permis. Et bien j’avoue : Je n’ai ni l’un ni l’autre…

Et oui, je dois être l’un des derniers spécimens sur cette terre à ne pas être « facebooké », et ce malgré les vaines tentatives de mes (vrais) amis de m’attraper dans les mailles du filet de leur réseau de société. Certes, je loupe sûrement toutes les rumeurs, les photos de Pierre avec Paul à la soirée de Jacques, l’adhésion au groupe de « ceux qui se rendorment une fois le réveil éteint » ou de « ceux qui trouvent que le lundi devrait être en fin de semaine», mais je n’ai pas besoin d’avoir 1936 amis, ni envie que tout le monde sache que j’étais encore devant mon ordi à minuit et demi, pour cause d’insomnie…
Mais il y a une autre chose qui surprend plus encore, c’est quand je dis à quiconque veut bien me croire, que je n’ai pas mon permis. De conduire. Une voiture. « Comment ? Entends-je la plupart du temps, tu ne l’as jamais passé ? Tu ne l’as jamais eu ?! », avec un air de pitié feignant un mélange de compassion mêlé à de l’offuscation non dissimulée. Et là, je suis contrainte de me justifier (« J’ai toujours habité en centre ville »), d’argumenter (« Avec tous les malades qui se trouvent sur la route »), de plaider non coupable (« Mes horaires de cours n’étaient pas compatibles avec ceux de l’auto-école »), voire de fabuler («Boire ou conduire, j’ai choisi »).
Il faut dire que je n’ai pas été beaucoup aidé. Depuis les craintes maternelles « Va pour la théorie mais tu ne passeras pas à la pratique », les menaces paternelles « Passe ton bac d’abord ! », et les sempiternelles réflexions d’un entourage bien intentionné qui vous décourageraient un bataillon « Femme au volant, la mort au tournant », ou encore « y’a des quotas sur Paris tu l’auras pas »,  reconnaissez qu’il y a de quoi baisser les bras… 
Mais cette fois, c’est décidé, je me lance ! J’ai décidé de prendre mon destin en main, de prendre les rennes (ou plutôt le volant) de ma vie et d’effectuer un tournant décisif, dans une voiture au dessus de laquelle est inscrit un gros « Lamed* » comme… « Je L’aurai !»  

Cela prendra le temps qu’il faudra, ça coûtera le prix que ça coûtera, mais cette fois, je vais supprimer le budget taxi et arrêter de me déshydrater dans les arrêts de bus. J’imagine que ce ne sera pas facile, mais ceci dit, le plus dur ne sera pas de passer le code en hébreu, ni de calculer la distance de sécurité par temps de pluie, ni encore de faire un créneau ou d’apprendre que le premier équipement de base dans une voiture en Israël, bien avant le mazgan, c’est le klaxon ; en effet, je connais une chose plus difficile que de passer le permis : le plus dur sera sans doute de convaincre mon chéri de me confier les clefs de son 4x4 rutilant qui n’obéit qu’à la voix de son maitre !


*lettre qui figure sur le toit des voitures auto-école (lamed signifiant apprentissage)

Valérie Bitton

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